Vivre dans la vitesse
Une hypersport comme la Kawasaki ZX-10R, ce n’est pas qu’un assemblage de pièces, de métaux, d’électronique et de puissance. C’est un orgueil autant qu’une démonstration, tant que le fruit d’un acharnement entre les ingénieurs et les pilotes, surmonté d’un niveau d’exigence aussi tendu que les implacables chiffres d’un chronomètre.
Et puis, impossible de rester calme et serein. Les assauts de la concurrence sont incessants. Soit t’évolues, soit tu te transformes, soit tu périclites pour rapidement disparaitre. La plus compétitive des Ninja n’a pas le choix, elle doit entamer un nouveau chapitre de développement et de furie.
Tout
commence par une menace, mélange d’avertissement et de rage. Comme de coutume,
la ZX-10R sera dispo dans un coloris racing, calquée sur la machine de Superbike du KRT. Robe que l'on retrouve aussi sur les machines officielles du championnat du monde que sur celle engagée aux 8 hrs de Suzuka 2022.
Ceci sur un habillage qui prend en surprise les tendances du moment. Je veux
parler des winglets. Tout le monde y vient, soit en appendices comme sur la M 1000 RR, les Panigale V4 ou l’ex-RSV4 1100 Factory; soit intégrés dans la
forme comme le dessin du carénage. En témoignent les CBR 1000 RR-R et RSV4
actuelles. C’est cette voie qu’à choisi la ZX-10R, mais à sa façon, bien particulière.
Il faut les chercher. Pas sur les flancs…. Ni dedans…… Ben où?!? Dans la tête de fourche. L’air appuie sur de grandes lèvres placées sous les yeux puis est évacué vers des conduits dédiés. Cette configuration permettrait d’offrir 17% d’appui supplémentaire sur le train avant. Du boulot en moins pour le contrôle de traction. Ainsi qu’un bonus pour les accèls et la vitesse via la trainée réduite de 7%.
Optimisation serait plus adéquat. La nouvelle forme du tunnel d’admission d’air
forcé est plus compacte tout en préservant le même niveau d’efficacité. Les
petits phares à LEDs permettent à 450 grammes de s’envoler.
L'habillage avant inspire véritablement la naissance d’une nouvelle 10R.
Mais… L’arrière est à peine retouché; le phare de poupe est identique;
le réservoir ne change que par ses graphismes; les formes du cadre augurent
un statut quo… Que nous cache cette lignée, transformation ou évolution?
La ZX-10R
a été la première des hypersports japonaises à accrocher les 200 chevaux.
Depuis, la course à la puissance s’était calmée autour de cette frontière. L’axe
de développement s’est renforcé sur l’électronique jusqu’à plus soif. Depuis
peu, la course aux armements a été relancé. Chez Honda avec 217 bourrins pour
la CBR , ou BMW et une bonne louche 212 équidés dans la M 1000 RR – Ducati est
carrément sur une autre planète avec les 221 ch de la Panigale V4 R. Kawa
allait-il réagir?
Timidement. Le 4 cylindres de 998 cm3 conserve les 203 chevaux qu’il canalise
depuis 2019; toutefois obtenus 300 trs plus tôt, à 13200. Les motoristes
ont su faire passer Euro5 sans manger de watts. Parmi les modifs, un des
catalyseurs est déplacé dans l’échappement pour chauffer plus vite et le
silencieux augmente de volume.
Régulièrement optimisé grâce à l’expérience du team WSBK, le bouilleur conserve
sa haute technicité et s’offre un nouveau circuit de refroidissement d’huile. Celui-ci
possède à présent son propre radiateur.
Coté transmission, la bête veut sortir encore plus vite des virages. Pour ce
faire, elle change sa couronne de 39 dents pour une dentition de 41 pendant que
la boite raccourcit ses trois premiers rapports.
Cette nouvelle géométrie amène un chouia de poids plus sur l’avant. Comme le
pilote bénéficie d’une position de conduite elle aussi davantage ramenée sur l’avant,
l’agilité de la 10R devrait monter d’un cran. Les demi-guidons avancent de 10
mm, la partie arrière de la selle est plus haute et les cale-pieds grimpent de
5 mm.
Entre les
virages et les vibreurs, chaque ligne droite un peu longue sera l’occaz d’apprécier
la bulle plus haute de 40 mm, gage d’une meilleure protection. Sur ses côtés,
les évents de l’ex-10R ont disparu. Parce que ça servait à rien ou parce que
la nouvelle tête de fourche fait mieux le job!?!
Le vent comme le temps sont les ennemis, autant foncer à travers en s’incrustant
le plus possible. Les virages à avaler permettront de mettre en contrainte le châssis
quasi inchangé de la ZX-10R. Son cadre double longeron en alu est conservé tout
comme les suspensions Showa. Sont présents la fourche inversée BFF de 43 mm de
diamètre avec chambre de compression externe et le monoamortisseur BFRC Lite.
Les ressorts de fourche sont tarés un peu moins raide, la compression est réglée
plus ferme et la détente plus souple, afin de rendre le train avant plus facile
à engager. L’amorto, quant à lui, reçoit un ressort plus raide et des réglages
de compression et de détente plus souple. Bien sûr, le pilote pourra ajuster les
éléments à sa guise, l’avant et l’arrière étant réglable dans tous les sens.
Même constat pour le freinage, identique avec ses pistes de 330 mm mordues par des étriers 4 pistons. Les durites aviation ne sont toujours pas de série. Inexcusable à ce niveau de performances. Presque une insulte pour les redoutables pinces Brembo M50. Pour l’arrière, toujours un disque de 220 mm avec un étrier à un piston; les plaquettes sont différentes, pour plus de puissance. On a aussi bougé la position du réservoir de liquide de frein pour moins gêner la botte.
Autre nouveauté de cette ZX-10R, l’installation d’un régulateur de vitesse. On
imagine pas vraiment cette sportive en mode cruising ou touring mais… y a un
ingénieur chez Kawa qui semble le croire.
Les pistards s’attarderont plus sur la présence reconduite des différentes aides au pilotage. La dose est éloquente, sans être débordante comme sur les productions italiennes. Ici, l’interaction homme-machine se fait via une centrale inertielle IMU, un contrôle de traction prédictif S-KTRC à 5 modes, un assistant au départ arrêté KLCM à 3 niveaux, un freinage intelligent KIBS avec gestion active en courbe et anti-stoppie, un contrôle du frein moteur KLCM, 3 niveaux de puissance moteur (Full: 100 % - Middle: env. 80% - Low: env. 60%), un contrôle du wheeling, un shifter Up&Down, 4 Modes de conduite et le système KCMF pour optimiser l’efficacité en virage. Le Kawasaki Cornering Management Function se sert du contrôle de traction, du Launch Control, de la gestion du freinage, du frein moteur et de l’IMU pour favoriser la maitrise de la trajectoire dans les courbes.
Les Modes de
conduite ont évolué. Le «Rider» se divise en 4 sous-catégories,
chacune permettant de mémoriser une gestion électronique perso.
Maintenant, on peut changer de Mode en roulant. Pour pas se prendre la tête, on
sélectionne:
- le mode «Sport» pour envoyer du gros, avec le contrôle de
traction S-KRTC au mini (1) et toute la patate moteur (Full)
- ou le «Road» pour être dynamique mais pas saignant, avec plus de
S-KTRC (3) et toujours autant de watts (Full)
- «Rain» quand ça flotte ou
que c’est gras, plaçant le S-FTRC au niveau 5 et la puissance en Low.
- ou choisir une des 4 mémoires que l’on aura personnalisées, où seront combinés
tel niveau de traction (1-2-3-4-5-off) avec telle fougue moteur (F-M-L).
Bien que son aspect soit d’une nouvelle génération, la nouvelle ZX-10R ne peut s’affirmer comme une nouvelle machine. Son corps et son cœur subissent une bonne évolution plus qu’une refonte. Mais Kawasaki offre à sa championne de plus fortes lettres de noblesse. En récompense de ses faits d’armes en World Superbike, elle s’agrémente du River Mark – l’emblème que la marque réserve à ses modèles d’exception. Jusqu’ici, seuls les modèles à compresseur l’arboraient.
M.B - Photos constructeur
La puissance de feu de Kawasaki s’exprime davantage en championnat avec la ZX-10RR. Au menu, bielles Pankl plus légères à 2 segments, jantes Marchesini allégées, culasse prête pour de l’optimisation racing, plus de régime moteur, arbres à cames spécifiques, durites avia et un poil de puissance en plus.
Kit racing et interface à partir du modèle 2016 interchangeable ou pas ?
Un missile