Un acompte sur l'arsouille
Pour la Duke, les termes de rouler, faire une sortie, partir en balade, se promener... n’existent pas. Quelque soit la cylindrée, 125 – 390 – 1290, les roadsters KTM ont la fièvre à fleur de cadre. Dans les phares se reflètent des expressions telles que wheeling, nervosité et menace calibrée. C’est pour ça que la 890 Duke vient planter ses crocs dans une catégorie que sa devancière avait commencé à mordre. Les cm3 et les watts ont dicté leurs lois, avec un potentiel encore plus intéressant pour le «Scalpel».
Cet
affectueux surnom accompagne cette Duke depuis son introduction en 790. Une
cylindrée d’un temps, et manifestement insuffisante pour elle. Elle ne l’aura
gardé que 3 ans.
Après avoir regardé avec envie sa sœur 890 R, elle s’accapare le même profil
moteur avec 90 cm3 de plus qu’avant. Plus
de cubage est aussi plus pratique pour passer Euro5. Un taux de compression
augmenté, un peu plus de course et d’alésage pour le twin de Matighoffen, des
soupapes de diamètre plus important, des bielles et pistons forgés plus grands
et plus légers, un vilo alourdi de 20% et des ACT plus agressifs optimisent le
bloc LC8c. Cela entraine 10 bourrins de gagnés pour afficher un sérieux 115
chevaux à 9000 tr/mn, sans oublier un gain de 0,6 mkg. La zone rouge en
profite pour progresser à 10500 trs. La transmission secondaire conserve
son embrayage anti-dribble (allégé) mais perd le shifter Up&Down, transféré
au rang des options.
Comme la moto ne prend pas un seul kilo dans l’opération, on peut s’attendre à
une Duke plus véloce, plus alerte, apte à se confronter hargneusement avec les
890 MT-09, 937 Monster et Z 900. Aller chercher la Street Triple RS? Elle
laissera le job à son pendant R, auquel elle rend 6 chevaux et une pincée de
couple. Cela évitera les querelles de famille
On
pourrait pourtant en craindre quelques unes pour la photo sororale. N’allez pas
chercher la moindre différence question design entre la 7 et la 8 – c’est tout
pareil, tout copier, tout coller. Y a que la déco pour les distinguer l’une de
l’autre. Cadre, bras oscillant, phare, réservoir, selles, guidon, rétros – tout
est repris de la 790. La 890 n’aurait changé que sur le plan mécanique?
Non, car la Duke en profite pour revoir ses suspensions, domaine où la première
version essuyait quelques critiques. WP demeure l’incontournable fournisseur
pour la fourche inversée de 43 mm de type APEX, bénéficiant de nouveaux
ressorts pour mieux tenir la moto au freinage. L’amortisseur, White Power APEX
également, gagne aussi un nouveau ressort pour plus de progressivité.
Les possibilités de réglage demeurent hélas trop limitées, avec uniquement la précharge
pour l’élément arrière. Là aussi, la 890 Duke vous invite à rencontrer la R si
vous désirez affiner le châssis.
Cette amélioration s’avérait nécessaire de par les griefs à l’encontre de la 790. L’augmentation de puissance incitait aussi à revoir les suspates en conséquence. Katoche a aussi pensé à améliorer les freins; avec parcimonie. De nouvelles plaquettes se glissent dans les étriers radiaux à 4 pistons. Puis attendent l’effort sur des disques de 300 mm afin de calmer ce roadster poids léger de 169 kilos. Cette contraction, quelle que soit sa vigueur, sera coachée par un ABS à plusieurs visages. Il est réactif à l’inclinaison de la machine, histoire d’éviter une dérobade lors d’un freinage sur l’angle. Et également joueur: en mode Supermoto, il agit seulement sur la roue avant pour permettre de belles glisses de l’arrière. Pour ceux qui ont le métier dans les bottes.
De l’électronique
dans les freins; ainsi qu’un peu partout. Peu de bécanes y échappent
désormais; aucune chez Katoche. Cela commence par tout l’éclairage à LEDs
ainsi que la signature diurne, le tableau de bord TFT couleur de 4.3 pouces, le
contrôle de traction, l‘anti-wheeling, une centrale inertielle à 6 axes pour
rendre plus sensibles et plus efficaces les assistances, puis se conclut par
les 3 Modes de conduite (Sport – Street – Rain). Au cas où, vous pouvez
relancer le débat avec le mode Track en option, le système de régulation du
patinage moteur (MSR), le shifter Up&Down et l’appli KTM MY RIDE pour
piloter musique et appels du Smartphone.
Voyons ce que nous réserve ces Modes:
- Street: la Duke délivre toute sa puissance, avec une réponse franche à
la manette des gaz et un contrôle de traction calé à un niveau intermédiaire.
- Rain: moins de puissance moteur, une réponse plus progressive à l’accélération
et un contrôle de traction au taquet.
- Sport: toute la puissance du 890 avec une réponse à l’accèl plus
directe et nerveuse qu’en mode Street, avec un contrôle de traction calé au
minium et une électronique laissant un peu de patinage à la roue arrière ainsi
qu’un peu de wheeling "dosé" pour garder une traction maximale.
Track: permet au pilote de paramétrer la réponse à l’accélération (3
niveaux), l’intervention du Traction Control (9 niveaux), d’activer ou pas l’anti-wheeling,
tout comme l’assistant au départ arrêté.
D’un
design aussi tranché, dans la plus élémentaire lignée du genre Kiska, on reste
toujours un peu surpris quand la bécane nous parle d’ergonomie et de confort.
Tenez, la selle par exemple, elle a été abaissée de 5 mm. Pas grand-chose mais
cela peut faire la différence pour certains. Le guidon est plus équivoque, avec
4 positions possibles au niveau du té de fourche et 3 en pivotement. Leviers de frein et d’embrayage sont
également réglables, grâce à une petite molette.
Il est
bien loin le temps où la Duke de moyenne cylindrée se nommait 620, menaçait les
lacets avec son profil de supermotard et cravachait son mono de 609 cm3 poussé
à un niveau de puissance redoutable. Très exclusive, elle se présentait comme
une machine à part et redoutable mais peu adaptée pour séduire la majorité des
loups en mid-size.
La 790 est arrivée pour proposer une machine plus apte à conquérir le segment. Avec
la 890 Duke, KTM présente une version corrigée et dopée, tout en prenant soin
de ne pas cannibaliser la version plus Racing. Comme la concurrence a elle
aussi relevé le niveau et le cubage des moteurs, les confrontations n’en seront
que plus intéressantes.
Pareillement à la 790, une version L sera présente au catalogue pour les permis A2, avec 95 bourrins et la possibilité d’un bridage à 35 k.
M.B - Photos constructeur
détachées