Insectivore
La discrète marque allemande MZ profite du salon de Münich pour présenter un roadster plutôt dévergondé. Un nouveau Street-Fighter qui est en fait une version naked de la 1000 S. Esthétiquement, la MZ dégage une certaine agressivité que n'a pas la sportive. En changeant de robe, l'allemande gagne au change. Fruit du hasard ou inspiration stylistique, la SF semble avoir copié la formule utilisée par Yamaha avec sa R1 Steel Fighter. On enlève le carénage, on modifie un tantinet le tête de fourche, plus que quelques petits effets de style qui font le charme d'une machine. D'un dessin encore "est-allemand", les écopes de radiateur et le sabot moteur reprennent la couleur de la fourche inversée dans cette version noir et or. Pas mal, pas mal du tout !
Pas de surprises concernant la partie-cycle et le moteur, car issus du modèle S. Le bloc propulseur est un bicylindre en ligne sortant plus de 110 ch et 10 mkg. Une mécanique agréable doublé ed'un caractère bien présent et servant un châssis sans histoire. La S est une bonne moto, juste pénalisée par un manque de réputation. Gageons que la SF séduise une nouvelle clientèle chez MZ. Elle attire déjà les regards, et ce n'est pas rien.
Le gros bicylindre a le mérite de se démarquer par son architecture - parallèle comme sur la Yam 850 TRX - mais il pêche par un comportement peu flatteur dans les bas régimes. Par rapport à la sportive, les arbres à cames ont été revus pour optimiser le couple, la transmission finale est plus courte et l'échappement diffère. L'usine a également revisité l'injection mais... Bof. Vous aimez évoluer en souplesse à basse vitesse ? Oubliez. Le SF pilonne, hoquette, est presque malade d'une injection mal digérée. A revoir rapidement ! C’est dommage car une fois passé ce cap difficile, le moulin allemand devient beaucoup plus sympathique. Un peu moins puissant que sur la S, le twin tracte avec bonne volonté et même un certain peps à défaut d'un réel caractère.
Pour un roadster de grosse cylindrée, le MZ est proposée à un prix intéressant. Y aurait-il un os quelque part ? Pas sur la finition en tout cas, qui est excellente. Sur les suspensions peut-être ? Non plus. Les réglages de la fourche Marzocchi ne sont pas faciles d'accès mais on a quand même le droit de toucher aux lois d'hydrauliques. Le Sachs arrière est lui très accessible, point suffisamment rare pour être souligné. Le SF réagit beaucoup aux réglages, ce qui est de bonne augure mais demande d'y prêter attention.
Ceux qui ont conduit la S se demanderont si le SF en est vraiment dérivé tant sa conduite est différente. Comment se fait-ce ? Et bien, sur le roadster, les tubes ont remonté de 15 mm dans les tés de fourche, la position du pilote est devenue naturelle et plaisante, le poids est passé sous les 200 kgs. Résultat : la moto est aujourd'hui partante pour jouer à volonté et s'emmène avec facilité. Un regard, un petit coup de guidon, et la machine suit le rythme avec le sourire et l'efficacité. Elle roule et enroule bien, elle freine bien, et elle protège bien. Ca, c'est plus fort ! Le mini tête de fourche est beaucoup plus efficace qu'il n'y parait. Vous pouvez filer à vive allure sans que votre tête se retrouve écrasée dans votre dos et même la pluie émousse ses armes sur ce petit bout de carénage.
Le MZ 1000 SF tente de s'incruster dans un marché qui a le vent en poupe mais pas forcément facile à conquérir. Elle a le potentiel, une tronche bien à elle, mais manque de réputation. Mais parmi tous les modèles qui se battent sur ce créneau, vous en comptez combien des roadsters twin 1000 cm3 à moins de 10000 € ?
M.B
(photos constructeur)