Fiche moto Yamaha1000 R1 Race 2025 La renaissance de son expérience
L’info avait été fracassante, presque effrayante. Quand Yamaha avait annoncé que la R1 ne serait plus homologuée pour la route après 2024, le spectre d’une disparition fit aussitôt son apparition. Comme Suzuki ne commercialisait plus ses GSX-R 1000 en Europe depuis 2022. Le pire était à craindre...
Mais l’hypersport d’Iwata ne disparait pas et poursuit sa carrière sur la piste. Comme la petite soeur R6, elle porte désormais le nom de Race, se débarrasse de certaines contraintes et profite de l’occasion pour optimiser con comportement. La “nouvelle” R1 sent encore plus le slider brulé et la gomme transpirante de boulettes.
Comment ? Avec de significatives améliorations que les pistards seront à même d’apprécier. Ils retrouveront instantanément leurs marques car la R1 Race ne change que très peu dans sa silhouette. Le coup de crayon façon M1 perdure, à présent épuré de l’accastillage routier. La poupe n’a jamais été aussi aérienne (sauf peut-être le modèle 2002) que depuis l’ablation des repose-pieds passager et du support plaque-clignos.
Les yeux et les sourcils n’existent plus, accentuant la sportivité de l’engin. Un air de prototype très affirmé, encore plus avec l’apparition de winglets. Yamaha aura mis du temps à adopter cette mode. A l’instar de la machine de GP, la R1 Race s’équipe de grandes moustaches en carbone, de façon à mieux plaquer l’avant au sol, calmer le boulot du contrôle de traction et procurer un meilleur ressenti au freinage tant qu’en courbe.
De quoi passer un peu plus de chevaux au sol. Les 200 bourrins du Crossplane s’en donneront à cœur joie. Ce bloc continue à offrir de sacrées prestations, alors que la concurrence a su relever le gant ces dernières années - les meilleures sortent plus de 215 bourrins à présent. Bien qu’exclusivement piste, la R1 Race n’a pas droit à un échappement libéré ou quelque raffinement moteur. Il faudra aller faire un tour du côté de GYTR pour ça.
C’est dans d’autres domaines qu’elle montre sa force. Déjà agrémenté d’ailerons, l’avant se veut d’une efficacité supérieure avec une fourche inversée Kayaba de 43 mm complètement retravaillée. Désormais, le pilote peut régler individuellement la détente et la compression (haute et basse vitesse) sur les tubes gauche et droit ; de plus, chacun reçoit une valve optimisant la pression de l’huile. Le revêtement couleur bronze laisse déjà suggérer une fourche plus avide d’attaque ; la couleur alu et le lettrage rouge des étriers agit de concert pour l’efficacité. Yamaha a troqué ses mâchoires persos pour du Brembo Stylema, de haute volée pour ralentir le missile. Un maitre-cylindre du même manufacturier prend naturellement sa place à côté de la poignée de gaz ride-by-wire APSG.
Des stickers, une déco agressive, du clinquant, des paillettes... Cela fait longtemps que la R1 ne s’en préoccupe plus. La sobriété est de mise, et la R1 Race l’est encore plus. Une robe noire d’ébène, où la seule coquetterie est la nouvelle selle dotée d’un revêtement offrant plus de grip.
Que le pilote se cale ou bouge, il sera en permanence secondé par une armada électronique. Quasiment la même que celle de la R1 standard, sauf que Yam’ ne fait aucune mention de l’ABS. Cette assistance est rarement appréciée sur circuit. Sinon, les puces s’occupent de coacher la moto avec des contrôles de traction (TCS), de glisse (SCS) de freinage (BC), et de wheeling (LIF), plusieurs modes de puissance (PWR), la gestion du frein moteur (EBM), un shifter Up&Down (QSS), un assistant au départ arrêté (LCS), et 4 Modes de conduite.
Sous sa peau, la R1 Race conserve son cadre Deltabox, son bras oscillant et son réservoir en aluminium, son bâti arrière et ses jantes en magnésium, son tableau de bord en TFT couleur et son gabarit très compact. Un outil, qui sait aussi bien manier la fièvre que la performance. Yamaha n'a pas communiqué le nouveau poids de la bécane - mais avec l'équipement routier en moins, elle doit descendre vers 198 kg.
La R1 Race voit l’avenir tels les fauves les plus majestueux : dans une réserve. Et ce n’est pas déconnant. Le circuit est le seul véritable endroit où les hypersports peuvent s’exprimer. Yamaha en a marre (on les comprend) de composer avec des normes toujours plus draconiennes pour des volumes qui se réduisent chaque année. Les R6 Race et R1 Race entretiennent désormais la flamme de la vitesse et de la trajectoire dans des endroits leur correspondant au mieux.
M.B. - Photos constructeur