Fiche moto BMWK 1600 Grand America 2024 Les highways de velours
Quand BMW décide d’aller chatouiller le marché américain (ou le marché à l’américaine, nuance), il ne fait pas semblant. Sa longue expérience dans le domaine de la moto routière est un atout que tous les constructeurs lui envient. Pourtant, pas facile d’aller déglinguer Harley sur le segment des Tourers. Alors, la Bavière lui envoie dans les pattes une R 18 Transcontinental et cette suavissime K 1600 Grand America.
Apparue en 2018 pour offrir plus d’envergure à la K 1600 B, la Grand America permet une alternative aux éternels gros porteurs américains. Son style moderne allie la puissance frontale allemande avec un arrière fuyant très réussi. Hélas, les valises ainsi “stylisées” ne peuvent pas accueillir un casque. Heureusement, le top-case est immense.
La version remaniée conserve le design originel, avec quelques retouches quasi indécelables. Un zeste sur le visage pour s’adapter au nouveau phare – il gagne l’éclairage adaptatif en série. Et c’est tout. Cet imposant vaisseau continue son apparat très réussi, digne d’une majesté de la route. On apprécie toujours autant les feux arrière en liseré implantés sur le bord des valises.
La silhouette tendue est le premier impact, le moteur confirme l’uppercut. Avec la série des K 1600, BMW montre ses talents de motoriste avec l'architecture 6-cylindres-en-ligne qui a fait sa renommée dans le monde de l’automobile. La norme Euro5 l’a contraint à revoir ses éjections. Les ingés’ ont rajouté deux sondes lambda supplémentaires et revu la gestion moteur. Avec brio : non seulement le couple est en hausse, de 175 à 180 Nm, au même régime de 5 250 tr/mn ; mais la puissance est préservée tout en arrivant plus tôt. Le maxi de 160 chevaux est atteint 1000 trs plus tôt. La puissance du 1649 cc remanié commence à donner un peu plus de coffre vers les 3000 trs puis l’écart augmente tout doucement jusqu’à 5000 trs où il se renforce avant d’établir son maxi à 6 750 révolutions par min.
De quoi rendre encore plus délectable ce bloc au souffle et à la vigueur fabuleux. Mais pour en profiter comme il se doit, Béhème a mis autour tout le nécessaire pour offrir un agrément incroyable. La suspension Dynamic ESA next Gen automatise totalement le travail de l’amortissement selon deux lois : Road pour rouler dans un confort de routière ou Cruise pour passer en version canapé avec encore plus de souplesse. Ce sera alors le bon moment pour caler ses bottes sur les marche-pieds installés sur les flancs du 6-cylindres. Tout en ayant le séant à une hauteur décontract’, à 750 mm du sol.
Le standing, c’est aussi un poste de conduite de haute volée. Les premières K 1600 avaient déjà du beau matos, avec un écran TFT entouré de cadrans analogiques. La nouvelle génération passe au niveau supérieur, avec l’immense dalle apparue en avant-première sur la R 1250 RT. 10,25 pouces de diagonale soit la taille d’un clavier pour iPad... Cela permet de caser tranquillement la navigation GPS d’un côté et tout un tas d’infos de l’autre en mode partagé. Mais le navigateur n’est pas intégré au système ; il se sert d’une appli à installer sur le smartphone. Que vous pouvez caser dans le logement prévu à cet effet sur le réservoir, étanche, ventilé et pourvu d’une prise USB.
Une grosse routière peut également s’apprécier avec de la musique, bien que la mélodie envoutante du moteur suffise à régaler les esgourdes. La K 1600 Grand America embarque un nouveau système audio 2.0, bien mieux intégré que l’ancien. Une bonne playlist et la sono BM vous montrera ses qualités. Un morceau de Kavinsky ou de Kenny Loggins vous donnera peut-être envie de pousser la machine à haute vitesse mais le constructeur a voulu limiter la tentation et les risques, avec une vitesse de pointe bridée à 162 km/h.
Caché sous l’agrément de conduite, BMW a installé pas mal de modules électroniques. On ne s’attendait pas à moins. Et la Grand America en embarque autant qu’une bagnole : triple Modes de conduite (Dynamic – Road – Rain), contrôle du couple moteur (actualisé), assistant au démarrage en cote, surveillance de la pression des pneus, contrôle de traction, régulateur de vitesse, ABS Pro réactif en virage...
N’oublions pas de citer quelques éléments de confort, tels que les selles et poignées chauffantes, le pare-brise à réglage électrique, une marche arrière, une prise USB dans le top-case, l’appel d’urgence, système d’éclairage de bienvenue, etc.
Au sujet de sa partie-cycle, la Grand America, comme les autres K 1600, n’a pas bougé d’un iota. Nul besoin d’ailleurs. On en oublie d’ailleurs la présence peu orthodoxe de sa fourche Duolever à bras longitudinaux (proche du système Fior). La section arrière se conjugue avec le monobras à cardan Paralever. Le tout relié par un cadre périmétrique en aluminium. Pour stopper ses 370 kg (3 de plus qu’avant), trois disques de frein de 320 mm sont au boulot, avec des étriers radiaux à 4 pistons devant et deux pistons à l‘arrière.
Dans la série des K16, la Grand America est assurément celle qui fait voyager le plus dans une “highway américaine du futur”. Le 6-cylindres et l’équipement s’améliorent encore sous une robe des plus sénatoriales. Une moto des superlatifs, dont le tarif est bien évidemment à la hauteur de ses prestations. Vous avez un Plan d’Epargne Logement ? Elle va l’engloutir. Et c’est justifié ; contrairement à certaines productions plus portées sur l’exubérance égocentrique. Ne lui manque plus qu’une boite auto pour certains gros rouleurs.
M.B - Photos constructeur