Fiche moto TriumphBobber 1200 TFC 2020 Les romances de l'ombre

Le soir commence fort. Le café brûlant est posé sur la selle suspendu. Ténébreux contraste entre la légère fumée s'échappant de la tasse et la toux délicate tant que rythmée des échappements Arrow. Un instant d'incandescence sur les lèvres, des éructions à l'aube des embouts en carbone. Ce Bobber attend de se montrer, avec impatience. En édition TFC, il n'est pas fait pour poireauter dans le garage ; il veut se montrer, s'exprimer, faire briller sa noirceur devant les beaux hôtels, les Porsche 356 et les trafiquants de café boliviens.
D'origine, le Triumph 1200 Bobber est une réalisation surprenante pour un constructeur de grande série. Quasiment au niveau d'une préparation, cet enfant illégitime de la Bonneville n'a pas son pareil pour déclencher une espèce de fascination. Suffisamment pour rentrer dans le clan des TFC, département où on anoblit les motos de caractère.
La nuit crache sa poisse dans les rues désertes. Hors de question pour cette Triumph de rester planter là. Son œil massacre les ombres, la pupille saisit le regard. Le twin sort son jeu pour emmener l'émotion par delà le bourg sans débourrage. Les motos du Triumph Factory Custom n'en sortent pas sans une cure de vitamines, leur verve devant se révéler plus robuste que l'origine. Une sérieuse retouche moteur, un taux de compression augmenté (de 10 à 11 : 1) associés à l'installation de pièces plus légères (embrayage, vilebrequin, arbres d'équilibrage, alternateur, couvre-culasse en magnésium, etc...) permet au 1200 cc de sortir 10 chevaux de plus. La puissance maxi s'établit à 87 ch atteint à 6 250 tr/mn et 11,2 mkg à 4 000 tr/mn. L'inertie réduite de 39% des pièces mobiles lui permettra de prendre des tours plus rapidement, profitant d'autant plus de son régime augmenté de 500 trs – la zone rouge s'est retranchée à 7 500 tr/mn.
Les belles pièces, on ne les compte pas. On les admire, on s'en éprend. Le guidon plat du modèle standard s'éclipse au profit de guidons-bracelets aux poignées moletées, donnant une allure et une position de conduite plus sportive. L'assise est toujours aussi surprenante avec cette selle, un modèle spéciale en cuir avec le logo Triumph incrusté dans la peau, en sustentation grâce à un invisible support en aluminium.
Des feuilles d'argent s'étreignent avec l'Union Jack sur les cotés du réservoir. L'Angleterre se montre fière, et son engin se moque des frontières. De beaux équipementiers étant ailleurs, une invitation sera de bon ton. Du coup, le TFC bonifie grandement son train avant avec du matos de choix. Rien de moins qu'une fourche inversée Öhlins, de 43 mm de diamètre, à la désirable finition noir et or. Au bout, deux disques de 320 mm attendent la pression des réputés étriers Brembo M50. Ces mâchoires monoblocs à pistons et fixation radiale se retrouvent généralement sur les hypersports de qualité supérieure et sur les roadsters très sportifs. Le maitre-cylindre Brembo MCS est du même acabit. L'amortisseur, bien planqué, est aussi signé Öhlins. Les éléments d'amortissement sont réglables dans tous les sens.
Triumph en profite pour faire chuter le poids du Bobber, jusqu'à 5 kilos si l'on tient compte des pièces allégées et de la possible suppression des feux arrière.
Afin que l'achat de ce Bobber soit une expérience à lui tout seul, la livraison est soignée comme la présentation. Un kit sera fourni avec la moto, comprenant un certificat numéroté et signé de la main du PDG de Triumph (Nick Bloor), un sac à dos en cuir, une housse spécifique, un porte-documents et un bouquin sur l'historique et le développement du Bobber TFC. Outre son coté rare, l'engin entretient son exclusivité avec un tarif sérieusement assaisonné. Pas du tout raisonnable et presque hors de propos. Mais ce n'est pas ainsi que l'on conçoit la moto quand on rentre dans le monde des TFC. D'ailleurs, le café est froid, le moteur est chaud, la lune brille sur les ailettes du moteur – il est temps de rejoindre le jour, les paillettes et les détours.
M.B - Photos constructeur