Fiche moto Yamaha900 Tracer 2020 Un épervier routier
Avoir dérivé la MT-09 en 900 Tracer a permis à Yamaha non seulement d'augmenter le succès de son fougueux roadster mais aussi de poser ses jalons dans un segment qui gagne en vitalité : le Sport Touring. Le Sport-GT a vécu, s'est éclipsé, et quelque part renait avec les routières sportives.
Mais revenons à la Tracer, qui fait peau neuve en 2018. On se dit que telle quelle, point n'était besoin de changer grand-chose, tant la moto en offrait à l'utilisateur. Bien équipée, amusante, routière, joueuse, pêchue, et d'un caractère des plus enthousiastes, ce crossover jouait gagnant de partout, même sur le prix. Une toilette d'hiver lui permet de voir sereinement les prochains printemps.
La Tracer, c'est d'abord une silhouette bien particulière qui a tout de suite fait mouche. Savant mélange de roadster caréné et de trail avec une bonne pincée d'agressivité, le cocktail a aussitôt percuté. Quand on tient le succès comme ça, une belle dose de prudence guide le designer quand il doit retoucher les lignes. La sanction du style, ce n'est pas une gifle du boss mais le public qui grogne. Ce ne sera pas le cas. La 900 Tracer II se veut une belle continuité. Un peu de délicatesse pour les lignes de la carrosserie, une noisette de beurre pour adoucir le regard, plus de simplicité sur les plastiques et moins d'agressivité dans les pare-mains. La Tracer n'est plus une demoiselle mais une jeune femme. Et cela lui va plutôt bien, même si elle en perd de son impertinence.
Yamaha a voulu capitaliser sur les points forts. Et s'est attaqué à une amélioration de la protection. D'origine, la première 900 Tracer était équipée d'une bulle réglable. Attention fort louable mais loin d'être sans défauts. La dite bulle ne pouvait se régler qu'à l'arrêt et sa forme, sa hauteur, engendraient chez nombre d'utilisateurs un bruit de voiles claquant au vent - limite pénible. Quelqu'un d'avisé s'est penché sur la question et apporte du mieux. Beaucoup mieux : le système de réglage de la bulle est bien plus accessible, manipulable d'une main (faut un peu de poigne quand même) et peut se faire n'importe quand. La vitre de plastique en elle-même est également revue, plus large et gage d'une meilleure protection.
On prend la mesure, on s'installe, on redécouvre, on est surpris. La précédente mouture vous mettait instantanément dans une certaine ambiance, curieuse et stimulante. Son grand guidon vous faisait aussitôt ressentir que vous étiez aux commandes d'une machine à part, avec ce sentiment de dominer aussi bien le train avant que la route elle-même. Singulier changement sur la nouvelle version. Le guidon est plus étroit, et cela se ressent très nettement. A tel point que la position de conduite est devenue plus naturelle, plus... comme les autres. Yamaha lui a piquousé plus d'ADN de routière, jusque dans les entrailles du châssis.
Car une Tracer, ça virevolte et c'est vif à souhait. Le nouveau bras oscillant et un empattement augmenté de 60 mm vont lui apporter plus de stabilité. L'amortisseur arrière profite de nouveaux paramètres pour optimiser les performances. Mais il ne faut pas s'attendre à un miracle. Ce ne sont pas les réglages mais l'amorto qu'il faut changer. Comme le roadster MT-09, une 900 Tracer, ça gigote quand on attaque. Même si la MT a fait pas mal de progrès dans sa dernière mouture.
Essayons de déculpabiliser la suspension arrière, qui doit contenir les assauts du bouillonnant 3 cylindres de 847 cm3. Un régal que ce moteur. Un brin grognard à bas régimes, percutant à la demande et jouissif à cravacher, le CP3 cumule les qualités. Il est secondé par 3 cartographies d'injection spécifiques (A comme attaque, Standard, et B pour traîne la b...) et un contrôle de traction à 3 niveaux.
Toujours prête à des virées enjouées voire musclées, cette copine de tous les instants peut sans hésitation partir à l'assaut d'un gros kilométrage journalier. Hier, y avait juste deux problèmes. 1 – la selle était aussi tendre que le caractère de mon prof d'anglais. 2 – La partie arrière était pourvue d'un système d'ancrage pour les valises.... totalement inutile car Yam ne vendait pas la platine complémentaire pour accrocher la bagagerie (aux USA par contre, tout était prévu pour). Il fallait s'orienter vers un kit de valises souples moins réjouissant.
Mais certains ont dû recevoir la paire de baffes adéquates car tout a été revu. Les points d'ancrage pour les valoches sont désormais intégrés et le postérieur peut sereinement accueillir les soutes amovibles rigides (la version GT peut en témoigner). Plus élégantes avec leurs surpiqures, les selles sont revues dans le sens du confort. Celle du pilote est toujours réglable sur deux hauteurs, avec 5 mm de plus pour chaque sommet. Coté passager, ça profite également de poignées et de repose-pieds réétudiés.
Hormis son bras oscillant, la partie-cycle demeure. Un beau et efficace cadre périmétrique en aluminium où gravitent une fourche inversée de 41 mm, des étriers de frein radiaux à 4 pistons entourant des disques de 298 mm, un freinage arrière constitué d'une piste de 245 mm avec étrier simple piston, et l'ABS en renfort. On apprécie toujours autant les petits plus comme la prise 12V, son tableau de bord particulièrement complet typé baroudeur, les 18 litres du réservoir pour faire une grosse tranche de route, et la béquille centrale – tout ça de série.
Cette dernière phrase aurait pu être la conclusion. Soyons plus prolixe avec une affirmation évidente. La Yamaha 900 Tracer est une sacrée bonne moto, que Yamaha vient de judicieusement peaufiner. La série d'améliorations agrémente son potentiel routier pendant que l'habillage se veut plus raffiné. Seules ombres au tableau, un poids en hausse de 4 kilos et seulement quelques corrections pour l'amortisseur. Pour les routards sportifs à tendance premium, elle se voit doublée d'une version GT plus riche, avec valises, écran TFT couleur, plus de confort et d'électronique.
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M.B- photos constructeur