Fiche moto DucatiMultistrada V4 1160 Pikes Peak 2023 Un trail pour mater le circuit
Certaines traditions perdurent; d’autres se créent. Comme l’édition Pikes Peak. Même si l’épreuve américaine n’est plus autorisée aux motos, Ducati relance le nom après une courte pause – 2021 n’avait pas eu droit de cité dans la dynastie. Plus de 10 ans après la première version, voici la Multistrada V4 Pikes Peak.
Identifié ainsi, le maxi-trail semble destiné à gravir les montagnes serrées aussi vite qu’un coyote à la poursuite du bip-bip. Mais l’appel de la piste ne serait-il pas plus fort que celui des lacets? Avec son coloris fortement inspiré du MotoGP, la MTS sent le feu et les sliders. Du rouge pour s’exciter, des plaques à numéros pour s’aligner sur la grille, des grilles dans les narines pour le fun & furious, et le retour du monobras pour la plus grande satisfaction des amateurs de belles pièces. Rappelons qu’en devenant V4, la Multistrada avait renoncé à ce charismatique élément de châssis.
Pikes Peak est synonyme de victoires pour la firme. La moto revendique donc une âme sportive, bien plus que les autres versions au catalogue. L’ergonomie a été révisée dans ce sens. Le triangle pieds-buste-mains est ici basculé vers l’avant grâce à des cale-pieds reculés et rehaussés de 10 mm ainsi qu’un guidon plus bas de 15 mm et plus étroit de 18 mm, plus rigide aussi. Ces quelques millimètres invitent gentiment le pilote à l’attaque. Le châssis suit la même tendance.
Ducati change le comportement de cette Multi’ avec un allongement de l’empattement, un nouvel angle de chasse (25,75° au lieu de 24,5°) et plusieurs améliorations sur les périphériques. Un sérieux gain en agilité sera à mettre au crédit des jantes Marchesini en aluminium forgé. Non seulement elles sont beaucoup plus légères que celles de la V4 S (- 2,7 kilos), mais leurs dimensions amenées en 17 pouces permettent de monter des pneus plus sportifs. On trouve un freinage encore plus efficace, en provenance de la Panigale V4. Des grands disques de 330 mm vont encaisser la force d’étriers Brembo Stylema à 4 pistons. Des pinces au gros top, secondées par un disque de 265 mm à l’arrière avec un étrier à double pistons.
Cette génération va plus loin que ses prédécesseurs au niveau suspension. Depuis le début de la saga, toutes les Pikes Peak ont reçu du Öhlins. Les dernières fois, elles se réglaient manuellement, pour gagner un peu de poids et laisser au pilote la délicatesse de se saisir des outils à sa convenance. Pour la V4, la fourche inversée de 48 mm et l’amortisseur TTX 36 sont pilotées avec le système actif Smart EC 2.0. Parfait pour ceux qui préfèrent que l’électronique adapte les réglages toute seule, en plus du toucher de route suédois, de son efficacité, et de la couleur dorée annonciatrice de performances.
Une notion que défendra corps et bielles le gros moteur installé sous le cadre monocoque en alu. Pas moins de 170 bourrins déboulent du V4 de 1 160 cm3. C’est beaucoup, c’est 12 de plus que la Pikes Peak précédente motorisée par le twin DVT 1260, c’est impressionnant pour un trail (comme pour n’importe quelle moto n’étant pas une hypersport), c’est autant qu’une 1198 et ça sort jusqu’à 12,7 mkg à 8750 tr/mn. Pas de changements coté moteur par rapport aux autres membres de la famille mais moins de poids à tracter. Cette version accuse 4 kilos de moins.
Une forte présence électronique est présente sur cette bécane. On note l’apparition du Mode de conduite Race, plus agressif. Celui-ci permet une réponse encore plus directe quand on met du gros gaz et de davantage jouer avec le limiteur de régime. Pour simplifier, quand on approche du régime maximum, le rupteur intervient plus progressivement. Le shifter est recalibré afin de permettre pour les gros bourrins de tomber un rapport même si cela provoque du surrégime.
Ensuite, c’est l’abondance. La MTS V4 Pikes Peak profite de la dernière innovation technologique de Boschapparue en 2021 sur les Multi, les BMW et les Katoche : la détection radar (avant et arrière) pour avoir un régulateur de vitesse adaptatif et un détecteur d’angle mort. Le contrôle de wheeling et l’ABS cornering ont été mises à jour pour plus de performance. Ensuite, c’est du gros package en provenance des autres Multistrada. Ecran TFT de 6,5 pouces avec navigation, 5 Modes de conduite, plusieurs niveaux de puissance, contrôle de traction, assistant au démarrage en côte, phares adaptatifs en courbe, signature visuelle diurne, système mains libres, commodos rétro-éclairés, éclairage full LED, shifter UP&Down... et quelques éléments pas du tout électroniques mais bien pratiques. Des protège-mains, une boite à gants dans le réservoir, une grosse boucle arrière avec des poignées passager et.......... des fixations pour les valises.
La Multi Pikes Peak complète la séduction athlétique avec son bec et le garde-boue avant en carbone, sa selle passager bi-ton, la petite bulle fumée, le logo «Ducati Corse» sur le nez et son silencieux Akrapovic. Ducat’ n’annonce pas de gain en performances. Mézigue suggère de virer la chambre de tranquillisation et il ne serait pas étonnant de gagner une dizaine de chevaux. Même sans ça, le souffle sera plus agréable à attendre, la construction titane / carbone suggère du poids en moins, et sa position haute permet de dégager la vue sur la superbe jante.
Cette phrase du Product Manager de la Multistrada, Stefano Tarabusi, présente bien les choses: «Plus confortable qu’une sportive, plus sportive que n’importe quel autre trail routier». Ducati propose une arme avec sa série Pikes Peak en V4. Au prix très généreux lui aussi. La plus féroce des Multistrada est affichée à un tarif à peine inférieur à celui de la Panigale V4 S.
M.B - Photos constructeur