Fiche moto Norton1200 V4 RR 2017 La frappe de l'Angleterre
La dernière grosse sportive anglaise, elle remonte à quand ? 10 ans ? Et la Triumph 675 Daytona ? Non, je parlais de grosse sportive. Alors, il faut remonter à la 955 Daytona, en 2006. Et depuis...
Depuis, la course à l'armement est devenu acharnée, et seule l'efficacité en Superbike avait loi. Mais le temps des machines d'exception est revenu, de celles à la sportivité exacerbée et qui se moque des règlements WSBK. Pour le plaisir, pour le luxe, pour le prestige. Et cela porte désormais un nom en Angleterre : la V4 de Norton.
Ne pensez pas au GSX-R, CBR, R1 ou ZX-10R. Encore moins aux Panigale ou RSV4. Oubliez les circuits. Plongez l'esprit dans le Tourist Trophy, saisissez l'instant où les anglais tirent les premiers, et laissez la Norton 1200 V4 RR vous captiver. Un engin superbe, à la personnalité marquée et aux yeux fugaces. De moto, on bascule dans le prestige. Car cette anglaise n'aspire qu'à ça. Avec cette machine, on s'offre de la performance, de la qualité tant dans les matériaux que dans la réalisation, puis on conclut par un coté prestigieux.
Cette sportive a d'abord été proposée dans une version SS, très sportive et haut de gamme, pour un poids de 179 kilos à sec, un tarif supérieur à 50 000 euros et 200 exemplaires en tout. Ici, Norton présente la deuxième fournée. A 32 500 euros (environ), la V4 1200 RR est presque abordable, sauf que le poids grimpe à 199 kilos.
Rassurez-vous, la machine n'en souffrira guère. Norton a accumulé beaucoup d'expérience pour transposer une grande efficacité à sa sportive. Pourquoi croyez-vous que la marque s'est tant engagée au TT ces derniers temps ? Cette V4 en est le fruit. Et son nom permet d'identifier immédiatement son moteur. Qui diffère beaucoup du bloc engagé en course. Rewind.
Au Tourist Trophy, le prototype Norton était propulsé par le 1000 cc de l'Aprilia RSV4. Les choses sont différentes ici. C'est toujours un V4 mais made in England, conçu en partenariat avec le motoriste Ricardo. Avec 72°, il est plus ouvert que le moteur à 65° de l'Aprilia. Plus gros aussi avec 1200cc de cylindrée, ce bouilleur annonce une puissance très sérieuse de 200 chevaux à 12 500 tr/mn. De gros watts mais rien d'exceptionnel par rapport à la cylindrée et à l'architecture moteur. Hormis la CBR 1000 RR, toutes les 1000 quatre cylindres hypersports sortent aussi 200 bourrins, avec 17% de cylindrée en moins que le bloc de Donington. Par contre, le berlingot anglais est plus riche en couple, avec un maxi supérieur à 13 mkg. Au besoin, un kit course vous permet de lui rajouter 10 chevaux et de tomber 8 kilos. Techniquement, on appréciera les soupapes d'admission en titane et le système d'admission à longueur variable.
La plastique saisissante et le puissant moteur maison ne seront pas les seuls à provoquer l'émotion. La Norton 1200 V4 a pris soin de s'équiper d'un châssis de haute volée. Le cadre est un treillis en tubes d'aluminium, assemblé et poli à la main. Pas moins de 26 heures sont nécessaires pour lui donner cet aspect étincelant. Son apparence fluette ne remet pas en cause sa résistance, car il se sert du V4 comment élément rigidificateur. Issue d'une moto de compétition, cette lady propose de multiples réglages, comme l'angle de colonne (23.9° en réglage usine) ou le point de pivot du bras oscillant.
De l'alu, et de la fibre de carbone pour la Norton. Tout l'habillage est créé dans ce matériau.
Le réservoir de 18 litres est aussi en carbone, renforcé de kevlar et traité chimiquement pour éviter tout souci avec le carburant. La V4 1200 RR est pourvue de roues allégées OZ en aluminium forgé ; en option, vous pouvez demander des roues en carbone, comme celles dont la SS est équipée en série. La différence entre les paires : 1.7 kg.
Une machine d'exception se doit d'assurer ses liaisons au sol par une efficacité de très haut niveau. Ici comme souvent, c'est le manufacturier Öhlins que l'on appelle. Pour cette anglaise, le choix est beau : une fourche inversée NIX 30 de 43 mm de diamètre et un amorto TTX GP ; entièrement réglables bien sûr. La Suède fournit également l'amortisseur de direction.
Coté freins, encore du redoutable. Des disques de 330 mm sont pincés par des étriers radiaux Brembo M50 à 4 pistons. On trouve un disque de 245 mm à l'arrière. Pour parfaire le système, les galettes comme les maitre-cylindres proviennent tous de l'équipementier italien susnommé.
Norton nous fait fantasmer avec ses 961 Commando, une gamme rétro dont le nom évoque de belles empoignades et qui sent bon la machine qui s'exécute à la virilité du poignet, sans artifice ni édulcorant. Pour la 1200 V4, ce n'est pas le même couplet. On est dans le technologique, avec tout la panoplie moderne des assistances électroniques. Norton ne vous laisse pas ses 200 ch sans surveillance. A bord, vous serez pris en charge par un système de démarrage sans clé, un grand écran de 7 pouces en tant que tableau de bord avec 3 modes d'affichage, un contrôle de traction, un anti-wheeling, une Unité de Mesure Inertielle à 6 axes pour optimiser le travail sensoriel de l'électronique, un régulateur de vitesse, un shifter et un assistant au départ arrêté. La totale !
Et petite spécificité : avez-vous remarqué que la Norton V4 1200 RR n'a pas de rétros ?!? Normal, ils sont remplacés par une caméra de recul.
Après les200 exemplaires de la SS vendus en peu de temps, Norton embraye sur une série de 250 exemplaires pour sa 1200 V4 en version RR. Envoutante et sulfureuse, l'anglaise rejoint le clan des très belles motos au raffinement poussé, plus proche de l'exception que de la passion. Le temps est au rêve (Midual Type 1, Ducati 1299 Superleggera, Kawasaki H2R, Ariel ACE R, Brough Superior SS 100, Lotus C-01, Massimo Tamburini T12, etc...) et la Norton veut en croquer un bout.
M.B - Medias constructeur