Fiche moto KawasakiNINJA H2 2018 Entre l'hypersport et la folie
Après avoir provoqué LE choc dans le monde des sportives avec sa Ninja H2R, son compresseur et ses 326 chevaux (en dynamique), Kawasaki sort un peu les aérofreins pour valider sa folie aux communs des motards. La H2R s'annonce comme une moto d'exception ; pourquoi ne pas proposer un gros bout de cette exclusivité à une clientèle moins élitiste, presque accessible ?!? C'est le rôle de la H2, sans le R, plus de 100 chevaux en moins, avec la grande majorité de la technique de la H2R, et pour un tarif moins toxique.
Depuis 2017, toutes les H2 s’améliorent à plusieurs niveaux. Les fins observateurs auront remarqué une touche de couleur doré sous le postérieur. Et un logo Öhlins qui ne trompe pas sur la qualité. Ainsi, le missile Kawa gagne un amortisseur suédois TTX36, de qualité supérieure à l’origine. Plus rigoureux, plus facile à régler, plus stable, il offre une compression et une détente réglable sur 22 positions.
Coté réglementation, il a fallu maitriser le passage à Euro4. Après les catadioptres obligatoires, le staff s’est attelé à la gestion de l’échappement. Des catalyseurs plus gros, une structure interne remaniée pour le silencieux et une nouvelle configuration du collecteur permettent de satisfaire aux normes. Sans perdre de puissance, la Ninja H2 ne se privant d'envoyer une grosse charge avec ses 210 chevaux en dynamique.
Aussi, les leviers de frein et d’embrayage sont plus courts et perforés. Histoire d’éviter le moindre appui sur eux à haute vitesse.
De nouvelles fonctions sont apparues sur le tableau de bord. On peut désormais voir l’angle d’inclinaison pris par la H2, qui peut d’ailleurs être enregistré. Ceci grâce à la centrale multiaxe inertielle IMU de Bosch. Avec ce co-pilote supplémentaire, la H2 peut améliorer les réactions de son électronique. Outre l’évolution de l’ABS qui devient actif en virage, le boitier permet aussi au contrôle de traction KTRC d’être rétroactif en plus d’être déjà prédictif. L’ensemble des aides électroniques devient plus précis et plus efficace.
Dans un autre registre mais toujours pour assister le pilote, le shifter agit désormais à la montée ET à la descente des rapports.
De quoi la rapporcher de la H2R ? Non, la version superfull reste unique et bien plus puissante. Dans cette version "routière", la H2 a perdu beaucoup de canassons. 39% de watts en moins, ça gâche un peu le tableau quand le public se gargarisait d'une puissance démoniaque et surréaliste. Un bout du rêve se déchire, le parfum du fantasme s'étiole. Puis la raison reprend le dessus. Eh oh, les gars, 200 bourrins, c'est quand même une sacrée cavalerie, que seulement 0.1% des motards seraient capable d'exploiter. Il s'est passé quoi pour que le bloc de 998 cm3 descende dans la frontière des missiles "standards" ?!?
Kawasaki n'est pas très prolixe sur les modifs techniques. Mais en voyant les régimes où sont obtenus les puissances maxi, on pourrait présumer que l'électronique de bord limite les envolées rotatives : la H2 claque 200 ch à 11 000 tr/mn / la H2R atteint 310 ch à 14 000 tr/mn. Le 4 cylindres de la H2 serait-il seulement bridé électroniquement ? Sûrement pas. C'est bel et bien le même bloc sur les deux machines, mais les arbres à cames, joint de culasse,embrayage et d'autres pièces moteur sont différents. Aussi, la H2 ne dispose que d'une seule des deux conduites d'air pour respirer.
Moins de régime, moins de watts, mais la même technologie sur cette H2. Kawasaki a conçu un 4 cylindres de conception moderne, sans extravagance sauf ce fameux compresseur. L'air commence par s'engouffrer dans les ouïes de la tête de fourche, arrive devant une turbine où il est fortement comprimé dans la boite à air, jusqu'à 2.4 bars (H2R). Et cette turbine, elle mouline comme une dingue. Entrainée par un jeu d'engrenage relié au vilebrequin, sa vitesse de rotation atteint 130 000 tr/mn à pleine charge et le débit d'air souffle jusqu'à 200 litres par seconde (H2R).
En choisissant un compresseur plutôt qu'un turbo, Kawasaki gagne en encombrement. L'air en circulation chauffe beaucoup moins, donc pas besoin d'intercooler. Ni de tout un bazar de conduits pour rediriger les gaz d'échappements. Et de par sa conception, le compresseur spécifique pour cette machine permet d'avoir une réponse moteur bien plus tôt et bien plus forte.
J'en vois qui reste sur leur amertume qu'un engin pareil sorte la même patate qu'une ZX-10R, dotée d'un bouilleur non suralimenté. Soyez curieux, songez que les chaudières réagissent différemment. Sur la H2, le taux de compression n'est que de 8.5 : 1 ; l'hypersport comprime à 13 : 1. Et question couple, pour une même cylindrée, la H2 sort 2 mkg de plus (et même 5 pour la R).
Au-dessus de ce moteur, la boite à air mérite votre attention à plus d'un titre. Avec la pression balancée par le compresseur, il était hors de question de caser un caisson en plastique comme en voit sous tous les réservoirs. Sur les H2 et H2R, c'est une pièce d'aluminium de haute rigidité. Dedans, vous ne trouverez que les cornets d'admission et une batterie d'injecteurs (l'autre est placé devant le conduit d'admission). Le filtre à air a déménagé et se voit placé avant le compresseur.
Ces choix techniques, le pilote en percevra le potentiel avec surprise et grosses sensations. Car si la H2 vous calibre 200 chevaux comme sa cousine ZX-10R, c'est en termes de réponse moteur que la première va larguer l'autre. Avec sa turbine, c'est un mélange bien plus dense qui déboule dans les cylindres. Kawa annonce un souffle exceptionnel, comme si une hypersport avait bouffé le couple et la dispo d'une 1400 ZZR. Simplifions : en ouvrant en grand, une ZX-10R accélère alors qu'une H2 s'envole.
Au-delà de la suralimentation et du coté "bien rempli" du moteur, la Kawasaki H2 s'offre sa propre dimension du sport et de l'extravagance. La H2 est agressive en tous points, ne se différenciant de la H2R que part la pose des éléments d'homologation indispensables.
Belle ou méchante, dérangeante ou exacerbée, furieuse assurément, chacun et tous seront attirés par cette plastique de science-fiction. Une brute !
Depuis la H2R, les obligations pour la piloter sur route ouverte ont griffé quelque peu ses spécificités. Les ailerons ont disparu, remplacés par des rétros intégrant les clignotants. Il a fallu installer un support de plaque, que même lui se demande ce qu'il fout ici. Et les phares, ça se case où ? Tel un cyclope, en plein milieu de la tronche. Full LEDs, une optique lenticulaire, prolongé par deux canines lumineuses, se chargent des lumens et photons. Quand au monobras, raffinement unanimement apprécié sur les machines de pedigree et nouveauté pour Kawa, il accueille la même et superbe jante en étoile de la H2R… honteusement semi-cachée par un énorme échappement. Faut virer ça immédiatement ; bon, apparemment, y a un Akrapovic mieux intégré dans le catalogue des options. Mais sans ce pot "égronorme", pas sûr que les pouvoirs publics apprécient les gros décibels – la H2R avec son échappement racing envoie 120 dB, le niveau d'un marteau-piqueur !
Ce qui a également surpris tout le monde, et confirme que les H2 et H2R sont des Kawa d'exception, c'est l'emploi d'un cadre de type treillis tubulaire en acier. Toutes les sportives japonaises utilisent un périmétrique en alu depuis belle lurette. Cependant, il fallait favoriser la circulation d'air au sein de la machine. Sa géométrie est un peu différente de celle de la R. Peu de choses mais à ce niveau, ça peut se sentir. Un empattement plus long de 5 mm, de 1450 à 1455 (relativement grand pour une sportive), un angle de colonne plus fermé, de 24.5° au lieu de 25.1°, et une chasse ramenée de 108 à 103 mm. Coté rigidité, aucun souci à avoir : la structure présente est prévue pour encaisser presque 330 chevaux. Alors avec 200, c'est pas demain que vous allez tordre un tube. Et puis, il fait son petit effet, surtout peint en vert Kawa. La marque d'Akashi a d'ailleurs développé tout spécialement pour la H2 une peinture très technique. Un coloris unique miroir argenté aux particularités délicates. Dans l'ombre, les parties peintes apparaissent en noir-gris ; une fois en pleine lumière, la surface devient réfléchissante et reflète l'environnement. Surprenant !
Un peu plus de Öhlins à bord ? Oui, l'amortisseur de direction est en provenance du réputé équipementier. Celui-ci s'ajuste automatiquement, via les calculs de l'électronique de bord. Pour la fourche, c'est Kayaba qui est sollicité. La H2 en profite pour inaugurer sur une moto de route le modèle AOS II racing, basée sur les modèles à cartouche séparée air/huile des motos de cross. Cet élément inversé de 43 mm se règle en compression, précharge et détente depuis le haut des tubes. L'amorto arrière est fixé au système Unitrack et bénéficie des mêmes réglages.
Pour les freins, on va en Italie. Seul du Brembo pouvait décemment s'installer sur une moto de ce calibre. Et le matos est sérieux : de grands disques de 330 mm avec des étriers radiaux monoblocs M50, des durites aviation, un maitre-cylindre également Brembo, et complétons par un disque de 250 mm à l'arrière avec étrier double pistons.
Taillée comme un avion de chasse furtif, la H2 renferme quasiment autant d'électronique. Listons la panoplie fournie en série :
- Contrôle de traction KTRC, avec 3 modes (Circuit, Route, Pluie)
- Aide au départ arrêté KLMC, paramétrables sur 3 modes, évitant le patinage et limitant le wheeling
- Gestion du frein moteur KEBC, 3 modes également
- ABS sport intelligent KIBS, du même type que celui de la ZX-10R mais re-paramétré. Son rôle ne se limite pas à éviter le blocage de roues mais aussi à réguler et optimiser le freinage entre l'avant et l'arrière. Et à présent en virage.
- Shifter KQS, pour des passages de rapports éclairs.
- Amorto de direction électronique
Tiens, le tableau de bord ne cède pas à la mode du full digital TFT tablette LCD… Un écran numérique sans fioritures, un bon gros compte-tours à aiguille où les chiffres commencent par un instant de suspense, et un cerclage de symboles enfermant le tout. Sobre, complet, élégant ; bien que l'on s'attendait à un cockpit de vaisseau spatial, vu la vocation de l'engin.
Avec sa 1000 Ninja H2, Kawasaki veut vous faire goûter une nouvelle expérience, avec des sensations d'accélération inconnues sur une autre sportive de cette proportion. Et par la même vous approprier un peu du rêve de la H2R. La machine n'a rien d'un poids plume avec ses 238 kilos, soit celui d'une R 1200 GS, mais sa vocation n'est pas la compétition. Elle veut offrir du fantasme à son seul pilote (la H2 n'existe qu'en monoplace), une poussée inouïe partout, de la drogue dure sur route ouverte. D'ailleurs, pour s'offrir ses shoots, il a fallu attendre la légalisation... pardon, la fin de la loi des 100 chevaux. Les Ninja H2 "civiles" ne sont arrivés de ce fait qu'en 2016. Kawasaki les fabrique avec minutie dans un espace réservé pour elles dans l'usine d'Akashi, où chacune est assemblée à la main par une seule et même personne. Pour les plus exigeants et pour deux fois plus cher, la H2R vous permettra de confondre le circuit avec la stratosphère.
M.B. - Médias constructeur
Que dire, c'est un stradivarius, un vélo aussitôt que les pieds quittent le sol. On peut rouler très cool et si l'envie vous prend tourner juste un petit peu la poignée pour entrer dans un autre monde. Ca accélère pas... ça catapulte. Bref, je l'ai eut 7h entre les mains et j'ai pris un pieds comme jamais sur une machine. Note : 5/5 Répondre à beau
G inspecté la bête de course
Franchement magnifique mais g pas essayé alors. .......
Note : 1/5 Répondre à Crocodil
Ceux qui se sont essayés à faire des courses contre des S1000RR ou des R1 sont des kékés qui ne savent pas s'en servir, j'ai vu une vidéo où une ZX10R et un nouveau R1 se font mettre propre net par une H2. C'est une machine fabuleuse qu'il faut apprivoiser, ça tire sur les bras, il faut vraiment faire attention sur les premiers mètres. Je comprends pourquoi les mecs dosent sur les vidéos avec les 100CV de plus de H2R. Arrêtez de nous bassiner avec vos S1000RR quand on voit le nombre de modèles qui ont été commercialisés et la gueule qu'elles ont au bout de quelques années. Une H2 restera une machine d'exception qui vieillira bien et pas besoin de l'estampiller HP4 ou HP25. Note : 5/5 Répondre à JGAROFA
Pour ma part, je recherchais plus l\'exclusivité et la vitrine technologique, je suis donc aux anges. C\'est une moto géniale et je conseille fortement. Pour moi le prix est aussi justifié qu\'une Panigale S ou autre Mv agusta f4 rr.
Très bonne soirée à tous. Note : 5/5 Répondre à Joce
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Je vois mal où Kawa est remis en place par la suz. Une ZZR1400 atomise toujours la buz, et en étant dans le même créneau, contrairement à la H2, qui joue dans une autre catégorie.
Hayabusa, c\'était bien, mais c\'est dépassé: Chez Kawa, au moins, on évolue. Note : 4/5 Répondre à Claude
Si la H2R est un beau projet , la H2 n\'apporte pas grand chose dans la production . . . Note : 1/5 Répondre à LeLogique
je suis bien heureux d avoir eu 20 ans ds les annees 70 et d avoir eu la vraie de vraie
la nvelle ne fait pas du tout rever
la bleue avait ce cote indeniablement envoutant
c est tres bien d avoir remis kawa à sa place en parlant du faucon suz
2 etoiles à cause de la marque et du plaisir qu elle a procure hier.... Note : 2/5 Participer à la conversation