Fiche moto KTM125 Enduro R 2025 Un peu de boue sur le museau

Le marché ne cesse de nous abreuver de motos taillées pour l’aventure, que ce soit purement marketing ou dotées de réelles capacités. Par contre, comment ça se passe quand tu n’as pas le permis gros cubes ou que tu veuilles en engin modeste en cylindrée ? Le choix est restreint dans la catégorie 125 pour discuter avec la forêt, les espaces un peu sauvages voire juste longer le chemin à côté de la prairie.
C’est précisément dans ce domaine que déboule la nouvelle KTM 125 Enduro R. La marque autrichienne propose enfin quelque chose de plus accessible que ses EXC et de moins imposant que la 690 Enduro R. Il y eu même un monstre dans le catalogue à une certaine époque, la 950 Super Enduro R. Sa logique industrielle expansive permet d’exploiter à fond les synergies, et d’aller plus loin que le roadster Duke avec une même base. En témoignent les nouvelles petites SMC R.
Une identité plus trail que EXC
Bien qu’il y ait une vingtaine de modèles d’enduro dans la gamme EXC, Katoche n’a pas retenu leur design pour sa 125. L’aspect est moins radical, la posture moins haute, le niveau technique moins affirmé - Cela se sent instantanément qu’elles ne jouent pas dans la même catégorie. Il faut regarder dans autre rayon pour trouver une ressemblance marquée. En l’occurrence, avec la 125 SMC R, qui n’est autre que la jumelle de la 125 Enduro R.
KTM va tellement loin dans la collaboration des plateformes que la SMC et l’Enduro partagent exactement la même déco, avec pour seule exception le nom de la moto sur les flancs. Les designers auraient pu se craquer un petit effort, afin de ne pas avoir l’impression que seuls les roues soient différentes entre les deux bécanes.
La structure est aussi identique. Le cadre en treillis tubulaire est étroitement dérivé de celui de la Duke, se distinguant par son angle de colonne différent et une rigidité plus adaptée au tout-terrain. Le sous-châssis est boulonné, plus pratique à changer en cas de dégâts. Le bras oscillant est spécifique à cette famille où le trail s’essaie à diverses routes.
Les différences du terrain
SMC et Enduro sont du même creuset mais l’aventurière montre ses aptitudes avec un sabot moteur en alu, un peu de protège-mains, et surtout des roues bien plus adaptés. Ses jantes à rayons sont prêtes pour les sorties de terre, avec du 21 pouces à l’avant et du 18 à l’arrière, chaussées de pneus plus fins et agrémentés de pavés - du Metzeler Karoo 4. Elle revoit aussi un peu le freinage, qui se doit d’être plus “souple” en offroad. L’étrier Bybre prend ici une fixation axiale et mord un disque plus petit, de 285 mm à la place du 320 mm. Derrière, on reste à 240 mm et un piston.
La 125 Enduro R récupère également les suspensions de la SMC, avec le même débattement de 230 mm. Pas de réglages pour la fourche inversée de 43 mm et juste la précharge pour le monoamortisseur. Ce qui est tout à fait normal pour ce niveau de gamme. Sa garde au sol de 273 mm permet d’envisager bon nombre de difficultés ; elle est supérieure à celle d’une 890 Adventure R, d’une 1100 Africa Twin ou d’une 700 Ténéré.
Vu son expérience, KTM ne pouvait pas faire l'impasse sur une gestion du freinage adaptée aux travers et aux cailloux. Et les amateurs de la discipline savent (et transmettront aux novices) à quel point la moto est plus amusante et plus agile quand on peut chasser du popotin. Il est donc possible de désactiver l’ABS sur l’arrière avec son Mode Offroad ; voire de complétement l’étreindre sur les deux roues pour les plus aguerris.
Pour se mouvoir, 15 chevaux seront à disposition du pilote. Le petit monocylindre LC4c ne peut en sortir plus mais cela permettra des découvertes sans appréhension. Une mécanique qui fait les beaux jours de la Duke. Elle ne diffère que par sa boite à air et sa place dans le cadre, le tout étant rehaussé pour optimiser la garde au sol. La conception de la ligne d’échappement est telle qu’un silencieux n’est pas utile pour calmer les émissions sonores. De plus, cela permet un gain de deux kilos.
Un équipement d'une grande 125
Si pour certains la nomination 125 rime avec simplicité voire jachère technologique, la 125 Enduro R leur remuera les méninges. Nous avons parlé de son ABS multimodes... ce n’est qu’une partie car la machine est aussi équipée d’un embrayage anti-dribble, peut avoir un shifter en option, reçoit des LEDs pour ses phares et ses clignos, possède des commodos rétro-éclairés ainsi qu’un joystick à 4 directions pour piloter son interface, embarque une prise USB, peut se connecter en Bluetooth au smartphone et informe le pilote avec un écran TFT couleur de 4,2 pouces. Il semble minimaliste avec son affichage monopolisant la vitesse et le rapport engagé.... Jusqu’à ce que la connectivité le chatouille et qu’il vous propose la supervision de la musique, des appels et de la navigation turn-by-turn.
Fut-ce un temps où l’abondance dans les 125 campagnardes laissait le cœur rêver à l’évasion. Mais où sont passées les Yamaha XT, WR et DTR 125, Kawasaki KLX et KMX, Suzuki DR et Honda CRM ? Les grandes marques nipponnes ont abandonné le terrain.
KTM, gros spécialiste de la rando musclée, n’offrait jusqu’à présent que des 125 de pur enduro, pour amateurs déjà expérimentés ou spécialistes de la catégorie. Cette nouvelle petite 125 Enduro R permet enfin de toucher plus de monde et d’initier les randonneurs.
M.B - Photos constructeur