Fiche moto MoriniSeiemmezzo 650 SCR 2024 Scramblerino
Moto-Morini doit oublier (de gré ou de directives) son temps sulfureux avec ses Corsaro, 11 1/2, Gran Passo, Rebello… motorisées par la fougue du twin 1200 des temps musclés. L’offre au catalogue commence son nouveau tempo avec des machines plus modestes, plus accessibles, dont les roadsters Seimmezzo 650. Plutôt réussis au niveau design, interpellants sans être provocants, ces machines d’entrée de gamme se proposent en version STRada et, dans un registre plus fashion-rétro, dans une déclinaison SCR.
Le type Scrambler a ressuscité sous l’impulsion des prémices d’une nouvelle mode, se déclinant dans tout un tas de sauces suivant les constructeurs. Souvent dérivé d’un modèle existant. Tel est aussi le cas pour la Morini, avec une base commune et nombre d’articles pour jouer sur la plastique. L’exercice est ici habilement réussi, montrant que les synergies peuvent s’accomplir positivement avec un peu de sérieux. Un compliment qui se retrouve dans la finition.
La SCR partage 90% de ses éléments avec la Seiemmezzo STR. L’opération de « Scramblerisation » s’effectue avec la pose de jantes à rayons Tubeless, de pneus à crampons Pirelli MT 60 RS (plus indiqués pour quelques incursions sur terrains meubles), un garde-boue haut, un petit saute-vent, une bavette arrière, un sabot moteur (en plastoc) plus enveloppant sur l’avant, des plaques sous la selle différentes, une paire de grippe-genoux sur les flancs du réservoir, des rétros arrondis, une selle en cuir à boudins agrémentée de surpiques, et la pose de poignées passager.
La moto dispose aussi d’un guidon plus prononcé, modifiant la position de conduite. Avec le buste davantage relevé, le pilote adopte une posture plus décontracté, plus en phase avec la philosophie scrambler. Entre le profil des pneus et l’appui moindre sur le train avant, cette version « champêtre » de la Seimmezzo devrait avoir un dynamisme légèrement moins marqué que la STR au profit d’un roulage plus cool, plus coulé, parfois randonneur ; avec un style mêlant les baskets de montagne et la chemise streetwear-trek.
Morini a loué les plans à Kawasaki pour fabriquer son bicylindre. On retrouve donc un bloc proche de celui des er-6n, avec la même cylindrée, des cotes identiques, 4 soupapes par cylindre et refroidissement liquide mais moins fort d’une grosse dizaine de chevaux. La Seiemmezzo se retrouve ainsi avec 60 chevaux à disposition, le cul-entre-deux-chaises ou le juste milieu (au choix) entre la flopée de 47,5 ch des 500 et les 70-75 bourrins de la concurrence. Son mapping moteur devrait lui apporter un caractère bien différent de celui de la Kawa, compensant la perte de watts.
La partie-cycle aurait peut-être gagné à montrer quelques aptitudes off-road plus tranchées. Mais la marque a limité le champ des différences. La SCR se dote des mêmes suspensions que la STR, aux débattements de 120 mm identiques. Les bonnes nouvelles sont que la hauteur de selle reste très accessible, avec 810 mm ; et que l’une comme l’autre sont dotées de réglages rares à ce niveau de gamme. D’ordinaire, les motos de ce segment ne peuvent guère prétendre qu’à l’ajustement de la précharge pour l’arrière. Les Seiemmezzo mettent en avant une fourche inversée de 43 mm et un amortisseur Kayaba tous deux réglables dans tous les sens. Le freinage, plus modeste avec ses étriers à 2 pistons, engage de renom lui aussi avec des mâchoires Brembo pour pincer des disques de 298 mm. Un disque à l’arrière de 255 mm sera calmé par 2 pistons également.
Cette machine ne fera pas de débats sur son poids, ses 200 kilos n’étant ni dans le mieux ni dans le pire de la catégorie. Sa dotation électronique se concentre plus sur l’info que sur les assistances ; lesquelles ne se dénombrent qu’avec… l’ABS et la surveillance de la pression des pneus. Contrôle de traction, de vitesse, d’inclinaison ou de météo ne sont point invités. En revanche, le pilote appréciera un bel écran TFT couleur de 5 pouces, bien agencé, avec connectivité Bluetooth pour piloter son smartphone et deux systèmes audio. Il se pilote depuis le guidon, avec des commodos rétro-éclairés.
Même si elle n’a pas l’aura ni la fougue de son cousin d’autrefois, le 1200 Scrambler, cette Seiemmezzo SCR peut tout de même se présenter sans rougir sur les routes, et ses embranchements oubliés.
M.B. - Photos constructeur