Rendez-moi mon trône !
"Merde, merde... et merde !" s'est dit la GSX-R en se réveillant un triste matin de printemps. La veille, elle avait affrontée la nouvelle horde d'hypersportives de l'an 2004. Une lutte à mort contre les affamées CBR 1000 RR, ZX-10R et R1. Un combat dont elle sortit groggy, blessée au coeur, humiliée : elle venait de perdre sa couronne de reine de la piste. Après plusieurs années au sommet, ça fait mal de se réveiller avec une pareille gueule de bois. Et pour enfoncer le clou, elle vient aussi de perdre son titre de championne du monde d'Endurance ; La R1 du GMT 94 vient de le lui piquer. Alors, chez Suzuki, on a fait fumer les ordinateurs, bouillir les cerveaux, mobiliser la moitié de la matière grise du Japon, et on entend bien régner à nouveau dès 2005 - la nouvelle GSX-R 1000 approche et elle ne rigole plus mais alors plus du tout !
Bien qu'entièrement nouvelle, la Gex reste une Gex. Les couleurs, l'aspect général, on la reconnaît au premier coup d'oeil - mais cette nouvelle génération va en choquer plus d'un. Surtout ce pot d'échappement sorti d'on ne sait où. "C'est quoi, ça ?" Ben... on ne va pas leur jeter la pierre mais c'est bizarre comme échappement. Il n'appartient à aucune des deux écoles en vogue actuellement (traditionnel sur le coté ou kitsch sous la selle). Bref, un nouveau style, à mi-chemin entre le pot de scooter et l'ustensile de cuisine.
Le carénage innove lui aussi, dans un style plus gai. Le panneau supérieur bleu en relief, est d'un dessin particulier. Il est isolé du tête de fourche par le conduit d'admission d'air forcé qui ne se cache plus. L'optique est calqué sur celui des 600 et 750 GSX-R, le réservoir d'une forme nouvelle et la partie arrière semble provenir d'un autre temps ; celui du futur. Clignos intégrés dans la coque, design limite spatio-temporel. Il ne serait pas étonnant que les dessinateurs nippons aient regardé un épisode de Star Trek juste avant de laisser courir le crayon sur la planche à dessin. Choc des genres, la 1 000 bouscule.
Le moulin aussi va bousculer. Son alésage est augmenté pour gonfler la cylindrée à 999 cm3. Renfermant dans ses tripes des soupapes en titane et de nouveaux pistons ayant perdu 8 g, il gagne une nouvelle rampe d’injection, avec des papillons qui passent de 42 à 44 mm de diamètre et un jeu de 2 injecteurs par cylindre). Ajoutez à cela un taux de compression augmenté à 12,5 (12 auparavant) et vous obtenez un monstre
Et il a bien fallu adapter la partie-cycle pour exploiter tout ça. Suzuki n'y va pas par 4 chemins : nouveau cadre plus étroit de 15mm, nouvelles jantes allégées de 300 g, bras oscillant hyper-renforcé (z'ont du prendre celui de la GSV-R de MotoGP), augmentation du diamètre des disques de frein à 310 mm (+ 10 mm), modification de l'angle de colonne et diminution de l'empattement (- 5 mm). Dans un souci d’efficacité maximum, les nippons ont encore amélioré l’aérodynamique de la moto. La GSX-R est plus fine, moins haute, le pilote est encore mieux intégré – la surface frontale a ainsi été diminué de 4%.
Certains petits détails devraient aussi faire parler d'eux, comme les clignotants avants intégrés aux rétroviseurs, l’embrayage à limiteur de couple pour réduire le dribble au rétrogradage ou le tableau de bord modifié comportant un indicateur de rapport engagé. La GSX-R, elle, s'occupera de faire parler, pardon, d'exploser les chronos.
Son regard de rapace et sa fiche technique ne laissaient aucun doute sur sa personnalité - furieuse et fougueuse. Mais l'approche est cependant bien loin de l'approche d'un monstre. Une selle plus basse qu'auparavant, un aspect plus compact, une sveltesse dictée par l'aérodynamique... La GSX-R ne se contente pas de peser le poids d'une 600, elle revendique le gabarit d'une 600. Elle n'est qu'à 5 kgs de sa petite soeur supersport ; l'équivalent d'un ligne complète Akrapovic.
Si la première grosse GSX-R de 1986 était un « atome lourd », la 2005 est presque devenue un électron libre. Un moteur proche du parfait, un châssis nerveux et très efficace, un comportement à la hauteur des performances et des limites quasi intouchables, la Suzuki 1000 GSX-R 2005 n'a jamais été aussi proche des Superbike. La 1000 est de retour, et elle est grave énervée !
M.B - photos constructeur
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