Elle salue ceux qu'on a aimé
Distinguons une nouvelle série spéciale chez Triumph, comme souvent réservée pour la Bonneville. Se souviennent les "Tag Heuer", "Sixty", "Steve Mc Queen", "Newchurch" et tant d'autres. Cette fois pour honorer Bud Ekins. L'un des avantages de ce genre d'hommage, outre le coté exclusif pour les propriétaires, c'est de découvrir certains personnages. Souvent réputés, parfois au-delà du cercle moto ; de temps en temps seulement connus des fans et des initiés. James Sherwin " Bud " Ekins est de ceux là, alors que son passé force le respect.
La 1200, et la 900, s'anoblissent de son nom. La grosse possède plus de couple, plus de watts, plus d'émotions dans les pistons. Mais question design et costume d'apparat, les deux présentent avec la même délicatesse. Robe de soie blanche nacrée, empruntée d'une ombrelle de praline bordeaux. Une souplesse pour les yeux, que chacune accommode à sa sauce. Les couleurs s'inversent suivant que l'on se trouve face à la T100 ou la T120.
Deux couleurs pour le souvenir ? N'en restons pas là, ce serait trop réduire le geste. Triumph plonge la curiosité dans les détails pour que les amateurs les recherchent, les apprécient, s'en inspirent et l'expirent au cours des balades. Voire davantage devant les potes et les congrès. La 1200 Bonneville Bud Ekins, ce sont des rétros en bout de guidon, des poignées spécifiques, un bouchon de réservoir façon Monza, des clignos à LEDs et des badges spéciaux sur les carters moteurs. Pour les présentations.
Le plus important ne serait-il pas dans ses stickers montrant un globe ailé, symbolique rattachée à la Californie, avec la mention Bud Ekins ? Ils s'installent sur le réservoir et le garde-boue avant. Pour l'occasion, Triumph a ressorti des cartons un de ses logos vintage. Celui employé pendant plus d'un demi-siècle. Il revit sur les 900 et 1200 édition spéciale Ekins, le temps d'un baiser sur les parois du réservoir.
Cette Bonnie profite aussi de deux Modes de conduite, d'un contrôle de traction, d'une signature lumineuse diurne, d'une prise USB, d'un duo de disques de frein de 310 mm, d'une finition soignée et d'un tarif d'une certaine conséquence. Pour cette série spéciale, le constructeur n'est pas trop gourmand et réclame 400 euros de plus que pour la 1200 Bonnie standard. Cette rallonge comprend la déco, les accessoires, et un certificat d'authenticité accompagné d'un petit bouquin contant l'historique du pilote célébré ici. Pour valider ce pedigree, ce dernier sera signé par les filles Ekins, Susan et Donna, ainsi que par le PDG de Triumph, Nick Bloor.
Et Bud dans tout ça ? Voici la véritable solennité de cette Bonneville. Ekins, c'était une vraie star du tout-terrain, le plus grand concessionnaire Triumph américain des années 60 et un cascadeur talentueux.
Né à Los Angeles en 1930, Bud Ekins appris à piloter dans les collines voisines d'Hollywood et travailla ses compétences de pilote tout-terrain bien avant d'avoir l'âge légal d'arpenter les routes. Par chance, la Californie abritait un réseau florissant de circuits de tout-terrain, et à la fin de son adolescence, Ekins était déjà connu comme l'un des meilleurs pilotes de motocross et de courses de désert de la Californie du Sud.
En 1956, en Californie, Ekins boucla les 246 km du « Big Bear Hare and Hound » à la 2e place ; il remporta cette même course l'année suivante, où Triumph trustât la majorité des meilleures places.
Par la suite, Ekins ouvrit une concession Triumph à North Hollywood. Il attira rapidement de nombreux jeunes acteurs prometteurs, dont Paul Newman et Clint Eastwood. Malgré l'implication que demandait la gestion d'une prospère concession Triumph, Ekins continua de faire de la compétition et rencontra le succès sur plusieurs courses tout-terrain, y compris le Hare and Hound, la Mint 400 et la Baja 1000 (qu'il a aidé à créer). McQueen le rejoignait souvent.
Ekins étant un pilote très estimé, qui a déjà représenté les États-Unis lors de la compétition très médiatisée qu'est l'ISDT, les JO de la moto, il fit entrer McQueen dans l'écurie américaine en vue de sa célèbre participation à l'ISDT de 1964 en Allemagne de l'Est. Ekins finira par ramener pas moins de quatre médailles d'or de l'ISDT en sept ans.
Les succès en compétition et les amitiés d'Ekins lui ouvrirent une nouvelle carrière. Alors que son saut exceptionnel dans « La grande évasion » devint la cascade à moto la plus célèbre du cinéma, ses talents de cascadeurs furent toujours plus demandés. Il était considéré comme l'un des meilleurs d'Hollywood et continua pendant près de 30 ans.
M.B - Photos constructeur