La Speed Twin devient une super Bonneville. Un roadster presque énervé au sein des Modern-classics. Triumph s’est rendu compte que la moto n’attendait qu’un coup de sang pour sortir de ses gonds; alors, une bonne dose de torréfaction lui a été offert. D’une manière presque discrète d’ailleurs. A part les échappements mégaphones noircis, le garde-boue avant modifié et les platines de support de phare revues, une bonne partie de la bécane semble inchangée. Sauf….
Au niveau du train avant. Là, face à l’ancienne, on saisit instantanément que la Speed Twin veut donner un bon coup de poigne à la route. Pour la menacer?
Pour la maitriser! L’ex-fourche Kayaba, de type classique et agrémentée de soufflets, est évincée au profit d’un modèle inversée Marzocchi ; hélas non réglable. Voila qui promet une efficacité et un senti de meilleure facture.
Ça ne s’arrête pas là. Le freinage aussi passe à un niveau supérieur. Pas dans la demi-mesure façon nouvelles plaquettes… Plutôt avec des fixations radiales où vont s’accrocher des étriers Brembo M50, prêts au martyr pour les disques agrandis à 320 mm. Le genre de matos que l’on trouve sur des gros roadsters musclés ou des sportives. Pour bien assaisonner la liaison avec le sol, de nouvelles jantes allégées se chaussent de pneus Metzeler Racetec RR.
Les pilotes de cette Speed vont pouvoir hausser le rythme. Justement, ils auront un peu plus de puissance, avec un gain de 3 chevaux pour le moteur. Juste ce qu'il faut pour flatter l'orgueil sans remettre en cause les vertus et spécificités de chaque modèle de la famille. Une sacrée famille, au demeurant.
Speed Twin...... Street Twin, Speed Triple, Street Triple, Speed Four. OK, inutile d'aller plus loin, je suis en train de me paumer dans les appellations Triumph. Faisons autrement.
Comme l'essentiel des modèles du constructeur de Hinckley, elle reprend un nom illustre, de ceux qui ont marqué leur temps. La première Speed Twin – et... elle a fait quoi, c'était quand ?
.... Page 22 à 27, et j'en sais déjà beaucoup plus sur le modèle d'origine 5T, né en 1938. Il a bouleversé le secteur et influencé la production moto sur de nombreuses années. On en apprend beaucoup dans le bouquin « L'art motocycliste anglais » de M. Levivier et Z. Enault.
80 ans après, la volonté n'est plus vraiment la même, la raison est moins vitale, la consanguinité est passé par là. La 1200 Speed Twin veut être le meilleur de deux cousines.
L'allure de la Speed Twin est assez proche d'une Bonneville, excitée par des moments de Thruxton. Les instants plus sportifs sont soulignés par les échappements coniques, les supports de phare, les rétros aux embouts de guidon, des jantes à bâtons, un bocal de liquide frein sport, un bouchon de réservoir type Monza et des caches ajourés de boite à air inédits. La selle n'est pas monoplace mais l'arceau-poignée-passager a disparu. Les garde-boues en alu brossé sont tout petits, comme sur les plus épurés des Harley-Davidson. Mais le point culminant est le moteur 1200 HP, ici transposé dans le meilleur de lui-même.
C'est une Bonnie bien plus véloce que l'on a sous les mains. Avec 216 kilos sur la balance, la Speed Twin pèse 20 kilos de moins que la T120 pour 20 chevaux de plus. Un rapport poids-puissance presque à la hauteur de celui de la Thruxton RSavec une position de conduite plus décontract'. Voila le cheval de bataille de cette sainte-nitouche.
N'en restons pas là. Un habillage et une spécificité moteur rien que pour elle, ça ne lui suffit pas. Alors, pour la contenter, le constructeur lui a donné son propre châssis, constitué d'un cadre tubulaire en acier dérivé de celui de la Thruxton et d'un bras oscillant en aluminium, plus léger et rigide. Pas de surprises coté amortisseurs mais plus de vivacité annoncé dans l'ensemble : la perte de poids, un empattement un poil plus court et des masses non suspendues allégées (roues) auront le job plus tonique.
Ceux qui ont craqué pour une Street Twin puis tourmenté par un besoin de plus de watts seront ravis. La Speed Twin transcende cet esprit avec 54% de puissance supplémentaire. Tout ça pour un poids de.... Voici la cerise sur la crème anglaise : avec 216 kilos tous pleins faits, la 1200 pèse le même poids que la 900. Loin d'être perdue entre laBonnevilleet la Thruxton RS, elle peut au contraire se vanter d'être la passerelle idéale.
M.B - Photos constructeur