Fiche moto Triumph955i DAYTONA 2003 ''Un peu de sushi, my lord ?''
Dans le cercle de la grosse sportive, la Daytona (T 595) avait sa personnalité, mélange de charme et de singularité. Un design velouté associé à un 3 cylindres enivrant. Mais il y avait de la marge avant de taquiner les R1 et CBR. Pas rancuniers, les ingénieurs anglais ont travaillé à la japonaise. On rajoute des chevaux et on enlève du poids. Premier visé : le carénage. Tout nouveau, il permet de gagner plus de 1 kg et ressemble désormais étrangement à... une ancienne 900 CBR. Pas un copier-coller mais "troublant". Pour la puissance, gros travail sur la culasse et l'admission, avec un gain de 19 ch. Affichant 149 bourrins pour 188 kgs, la Daytona est très respectable. Elle devient ainsi la plus puissante européenne du marché. En la détaillant plus scrupuleusement, on alterne entre tradition et étonnement. Cadre périmétrique tubulaire, petit drapeau anglais ; c'est plaisant. Bloc compteur typé R1, regard de Fireblade, disparition du monobras ; on boude un peu. Mais l'âme de la Daytona, son 3 pattes, n'a pas l'intention de laisser sa langue dans sa poche.
Outre sa sonorité typique et captivante, on se laisse griser par le bruit des conduits d'admission inversés de la boite à air. Avant de lâcher les watts, on prend ses marques sur la machine. L'assise, ferme, est monté d'un étage sur la nouvelle et les demi-guidons repositionnés imposent un appui plus prononcé. A l'attaque, le travail sur la géométrie paye immédiatement : la machine est bien plus agile que l'ancienne. Ce n'est pas encore la meilleure de la catégorie ;mais avec un réservoir affiné et une position de conduite plus racing, on gagne tout de suite en facilité de mise sur l'angle. Excellente sur route, la moto n'a cependant pas encore perdu assez de poids pour tailler des croupières aux stars des circuits.
Mais encore une fois, la magie du bloc 955 opère. Son architecture 3 cylindres lui offre une plage d'utilisation vaste, offrant plus de souplesse qu'un twin ainsi qu'un couple conséquent à bas-régimes - légèrement moins présent qu'avant. Puissant, et vif dans les tours, on sent bien que le bouilleur est blindé de watts. Pour la calmer, la Daytona reprend les recettes qui s'attachent à sa destinée : un freinage avant cumulatif de qualités, et un arrière catastrophique. L'alliance du bon amortissement et de la partie-cycle rigoureuse procure une stabilité de bon aloi. Mais si vous êtes trop généreux sur les gaz, il faut tenir fermement les rênes de l'engin car on a vite fait d'elargir la trajectoire.
Dans l'ensemble, la Daytona a bien progressé. Son esthétique peut chagriner ceux qui privilégie l'exception culturelle. Triumph a t'il raison de s'inspirer des "bouteilles de saké", sachant que sa sportive n'en a pas le goût, et que l'ivresse est "britishement" différente ? Pour les nostalgiques, la version Centenary se pare d'un vert anglais du plus bel effet mais surtout retrouve le superbe monobras de la T 595.
M.B
(inspiré par l'article de T. Baujard - Moto-journal n° 1 472
photos constructeur)